commentaire littéraire
Le cinéaste et l’écrivain créent finalement une œuvre unique ; plus qu’intertextuelles, la plume et la pellicule forment une alchimie audio-visuelle qui permet un va-et-vient fructueux entre deux expressions artistiques que sont le roman et le film : « Ce que la littérature peut vraiment apporter au cinéma, ce n’est pas tant un réservoir de sujets intéressants qu’un certain sens du récit. Ce qui compte, c’est de dégager le film du spectacle pour le rapprocher de l’écriture. » (2) Chabrol confine Emma dans une tradition bourgeoise et sclérosée que Flaubert décrivait déjà à merveille, mais il rajoute un passif cinématographique qui imprègne l’œuvre littéraire, du moins pour ceux qui décideraient de lire le texte après avoir vu le film.
En effet, toute la production du cinéaste se fonde sur la critique d’une société française qui étouffe et qui se meurt dans la jalousie, dans l’intérêt, dans les manipulations affectives et familiales. Citons L’œil du malin, Que la bête meurt, L’enfer, La cérémonie et plus récemment Le goût du chocolat. Ce dernier film est une affaire d’empoisonnement dans une famille bourgeoise qui fait un écho aux frasques destructrices et passionnées d’Emma. Le cinéma de Chabrol, chargé d’atmosphères lourdes et oppressantes, rend le roman de Flaubert encore plus moderne. Madame