commentaire Loreley Apollinaire
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Introduction :
Il y a sur la rive droite du Rhin, là où la Rhénanie se fait palatine, moins qu’une montagne, un grand rocher qui surplombe le fleuve et menace les marins. À ses pieds, les eaux ne sont pas douces, les rives sont une étreinte et la mort veille. Tôt la légende s’empara de ce lieu funeste et le donna en résidence à une nixe, sorte de sirène germanique qui chante et par son chant attire les bateaux et conduit au naufrage. Lorsque Apollinaire découvre cette histoire (il s’inspirera très probablement d’une chanson écrite par Clemens Brentano (1778-1842) « Die Lorelei » (du moyen allemand lüren : épier et lei : rocher) ou d’un texte d'Heinrich heine (1797-1856) : il a vingt-et-un ans, il écoute, transpose et écrit un poème en dix-neuf distiques consacré à La Loreley.
Ce texte de jeunesse rejoindra le recueil Alcools publié en 1913, et plus précisément les neuf poèmes regroupés sous le titre « Rhénanes » car ils évoquent les souvenirs de ce séjour du poète au bord du Rhin, période de sa rencontre avec Annie Playden qui inspirera alors beaucoup son écriture.
C’est par cet amour malheureux qu’il trouve en la Loreley, personnage d’une légende germanique (donc lié à son voyage), des résonances personnelles.
Mais s’agit-il seulement d’un récit personnel relaté à travers une héroïne ambiguë, la Loreley ?
Nous étudierons dans une première partie le récit mythologique puis nous expliquerons comment la Loreley devient un personnage idéalisé au service d’un aveu.
I. Un récit mythologique
1.Un texte narratif et symbolique : L’incipit est narratif, c’est un complément circonstanciel de lieu qui ancre la dramaturgie dans un espace qui se décomposera en trois plateaux, pour un drame en trois actes, le tribunal, la route qui mène au couvent et le sommet du Lurelei. L’issue fatale demeure dans l’implicite. Suit un embrayage sans contexte emprunté au conte, « il y avait » (v.1),