Commentaire Machiavel Le Prince
Texte 2 : La crainte du Prince
Dans nos sociétés démocratiques, le respect des gouvernants repose sur leur légitimité qui émane elle-même de l’élection. Il serait aujourd’hui impensable de craindre, au sens de
Machiavel, les dirigeants politiques, mais la question est toujours d’actualité, notamment avec ce que Max Weber a appelé la « violence physique légitime » dans son ouvrage Economie et
Société.
L’ouvrage Le Prince publié en 1532 sera finalement destiné à Laurent de Médicis, futur dirigeant de la République de Florence. Dans celui ci, l’auteur montre une vision réaliste de la politique et développe ce qu’il pense être les attributs nécessaires pour devenir un bon Prince mais surtout rester au pouvoir.
Dans le chapitre XVII intitulé « De la cruauté et pitié: et s’il vaut mieux être aimé qui craint, ou l’inverse », Machiavel se demande s’il est préférable pour le dirigeant, d’être aimé ou craint par le peuple et les conséquences que cela peut avoir sur la stabilité et la conservation du pouvoir.
Machiavel préférera dans un premier temps la crainte à l’amour du peuple, qui selon lui, favorise la stabilité et la continuité du pouvoir, puis il mettra en évidence le risque que peut engendrer l’apparition du sentiment de haine chez les citoyens, bien que ce dernier puisse être éviter si le Prince rend ses actions légitimes.
I.
La supériorité de la crainte sur l’amour (l. 1 à 22)
A. Les risques d’être un Prince trop aimé (l. 1 à 12)
Machiavel n’étant pas un utopiste, il défend l’idée que la cruauté est loin d’être le pire des défauts pour un dirigeant. En effet, un excès de gentillesse envers le peuple favorise les risques de révoltes et de divisions car le Prince n’est pas apte à s’imposer pour rétablir l’ordre et « tenir ses sujets unis et fidèles » (l.2). Il ne représente pas pour le peuple une personnalité assez importante, forte pour mettre fin aux conflits qui divisent la société et sont source de violence (l. 3–4). Ce manque de crainte