Commentaire oberman
Oberman est un roman épistolaire composé de quatre-vingts lettres qui présentent les réflexions et les états d’âme d’un jeune homme en proie « au désordre de l’ennui ». Confession à caractère autobiographique, ce roman s’apparente à un journal intime.
| |Lyon, 2 août, VI |
| | |
| |Quand le jour commence, je suis abattu ; je m’en sens triste et inquiet ; je ne puis m’attacher à rien ; je ne vois pas comment je remplirais tant |
| |d’heures. Quand il est dans sa force, il m’accable ; je me retire dans l’obscurité, je tâche de m’occuper, et je ferme tout pour ne pas savoir qu’il |
| |n’y a point de nuages. Mais lorsque sa lumière s’adoucit, et que je sens autour de moi ce charme d’une soirée heureuse qui m’est devenu si étranger, |
| |je m’aflige, je m’abandonne, dans ma vie commode, je suis fatigué de plus d’amertume que l’homme pressé par le malheur. On m’a dit : vous êtes |
|5 |tranquille maintenant. |
| |Le paralytique est tranquille dans son lit de douleur. Consummer lesjours de l’âge fort, comme le vieillard passe les jours du repos ! Toujours |
| |attendre, et ne rien espérer ; toujours de l’inquiétude sans désirs, et de l’agitation sans objet ; des heures constamment nulles ; des conversations|
| |où l’on parle pour placer des mots ; où l’on évite de dire des choses ; des repas où l’on mange par excès d’ennui ; de froides parties de campagne |
| |dont on n’a jamais désiré que la fin ; des amis sans intimité ; des plaisirs pour l’apparence ; du rire pour