Commentaire Oh les beaux jours, Beckett
La pièce débute par une longue didascalie : deux personnages – un couple – sont visibles, mais la scène est composée d’un long monologue de Winnie, sans réelle consistance.
Cette scène rejette les conventions du genre théâtral et ne prend sa vraie mesure qu’à la représentation. Elle comporte également une réflexion existentielle teintée d’ironie.
Beckett remet en question les conventions théâtrales et crée la surprise. Les didascalies, les sons, les silences du texte, très peu fourni, prédominent mais donnent paradoxalement de l’importance aux mots et aux intonations. La situation d’énonciation est étrange : le second personnage reste muet. Il prononcera ultérieurement quelques mots. C’est donc un faux monologue. Elle ne donne aucune indication précise sur l’intrigue présente et à venir (rien ne se passe ni ne semble devoir se passer), elle n’ouvre aucune attente. Sans contexte spatiotemporel précis, la situation échappe au temps. Le registre de la pièce n’est pas défini : comique ? Tragique ?). Les quelques indications spatiotemporelles créent une situation étrange: lieu désertique, lumière aveuglante. Le décor est stylisé et volontairement artificiel («Maximum de simplicité et de symétrie», «toile de fond en trompe-l’œil»). Les rôles sont difficiles à interpréter: Winnie est enterrée (d’où l’importance donnée aux mimiques) et Willie, présent et absent, ne semble pas vivant. Une attention démesurée est accordée aux objets et aux bruitages, par rapport aux répliques et aux actions.
Beckett brise la convention de l’illusion théâtrale pour mieux inciter le lecteur à réfléchir.
Beckett délivre un message existentiel pessimiste.
Le temps qui passe est matérialisé par les «sonnerie[s]». Gestes et paroles de Winnie sont