Commentaire phèdre de racine
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Phèdre marque le retour de Racine au sein de sa carrière de dramaturge, avec un sujet de nouveau emprunté à la mythologie grecque. Phèdre reflète en tout points les spécificités du tragique racinien, toutes poussées au paroxysme. La passion y est féroce et inadmissible, à savoir l'inceste. Les conflits y opposent des êtres que tout devrait unir et le destin s'acharne contre les héros tragiques. Racine a voulu revenir aux sources de la tragédie antique. Ses premières pièces ont défiés le goût de son siècle, habitué aux beaux sentiments des héros cornéliens. Refusant tout optimisme accommodant, Racine veut renouer avec un lieu théâtral sobre, dénudé, où la créature humaine est livrée d'un combat inégal avec la fatalité. Cette vision est sans doute influencée par la formation janséniste de Racine. Les hommes modernes ont toujours été fascinés par la tragédie racinienne et par Phèdre en particulier. Plutôt que d'insister sur le « pêché originel » chrétien à la façon de Corneille, ils perçoivent dans Phèdre le poids de l'hérédité. Dans la préface de 1677, Racine évoque ses sources, et principalement le poète grec Euripide (484-406 avant J-C), qui auparavant dans sa tragédie Hippolyte avait traité le mythe de Phèdre où cette dernière brûlait d’amour pour ce dernier, et où les passions du héro étaient l’objet des ses tourments. Dans cette pièce, le héros est poursuivi par la déesse de l'amour, Aphrodite, qui dès les premiers vers clame sa fureur d'être délaissée par le jeune homme au profit d'Artémis. Dans Phèdre de Racine, c’est Vénus, déesse de l’amour, de la séduction et de la beauté, qui s'acharne contre la famille de la reine. Cette fatalité prend ainsi la forme d’une haine implacable attachée à toute la descendance de Phèdre. Sénèque, philosophe et poète romain du premier siècle après J-C, est également l'auteur d'une tragédie consacrée à ce sujet. Le récit de Théramène, dans toute son horreur, doit beaucoup à cette source sur laquelle Racine insiste moins. Les