Commentaire : qu'en avez-vous fait ? de marceline desbordes-valmore
Qu'en avez-vous fait ?
Vous aviez mon coeur,
Moi, j'avais le vôtre :
Un coeur pour un coeur ;
Bonheur pour bonheur !
Le vôtre est rendu,
Je n'en ai plus d'autre,
Le vôtre est rendu,
Le mien est perdu !
La feuille et la fleur
Et le fruit lui-même,
La feuille et la fleur,
L'encens, la couleur :
Qu'en avez-vous fait,
Mon maître suprême ?
Qu'en avez-vous fait,
De ce doux bienfait ?
Comme un pauvre enfant
Quitté par sa mère,
Comme un pauvre enfant
Que rien ne défend,
Vous me laissez là,
Dans ma vie amère ;
Vous me laissez là,
Et Dieu voit cela !
Savez-vous qu'un jour
L'homme est seul au monde ?
Savez-vous qu'un jour
Il revoit l'amour ?
Vous appellerez,
Sans qu'on vous réponde ;
Vous appellerez,
Et vous songerez !...
Vous viendrez rêvant
Sonner à ma porte;
Ami comme avant,
Vous viendrez rêvant.
Et l'on vous dira :
" Personne !... elle est morte. "
On vous le dira ;
Mais qui vous plaindra ?
Commentaire rédigé (axes proposés : romantisme et lyrisme personnel)
Introduction - Marcelline Desbordes-Valmore est l’une des rares femmes poètes de la littérature française, et son œuvre Elégies et poésies nouvelles qu’elle publia en 1825 était très appréciée pour son originalité et son ton personnel par les poètes romantiques contemporains comme Lamartine et Victor Hugo, mais aussi par Baudelaire ou Verlaine. Dans l’un des poèmes de ce recueil, « Qu’en avez-vous fait ? », la poétesse s’interroge, comme l’indique la question contenue dans le titre, sur la rupture d’une relation amoureuse qui a été fondamentale dans sa vie : elle rappelle le bonheur de cet amour et s’interroge elle-même comme en témoigne le fait qu’elle compose un poème ; mais surtout, elle questionne celui qui l’a abandonnée, et dont le silence la laisse sans réponse… Dans quelle mesure ce poème qui s’inscrit dans le courant romantique relève-t-il d’un genre ancien très apprécié des romantiques, celui du