commentaire: "Remords posthumes" Baudelaire, Les Fleurs du Mal
Au poète avide d’infini, l’amour sensuel peut offrir quelques instants d’évasion mais non la paix et la satisfaction de l’âme. Et, pour Baudelaire, la douceur traîtresse de cet amour avait un arrière-goût de péché et de mort, de perdition et de néant : le charme physique de la femme aimée éveillait irrésistiblement l’horreur du tombeau, de la décomposition de la chair, et la hantise du péché qui prépare les longs remords.
Dans ‘’Remords posthume’’, sonnet en alexandrins écrit en 1847, qui parut le 1er juin 1855, dans ‘’La revue des deux mondes’’ puis fut, en 1857, placé dans le recueil ‘’Les fleurs du mal’’, dans cette partie de “Spleen et idéal” qui est dominée par le thème de la femme sensuelle, Baudelaire traita un thème éternel, illustré notamment par Horace («Carpe diem quam minimum credula postero» [«Cueille le jour présent et sois le moins confiant possible en l'avenir»], ‘’Odes’’, I, 11, 8, ‘’À Leuconoé’’), par Ronsard (‘’Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle’’), par Corneille (‘’Stances à Marquise’’), le thème désigné comme étant celui du «carpe diem», lui donnant toutefois un aspect paradoxal, du moins inédit : en effet, le poète ne s'adresse pas à la jeune femme pour l'inviter à jouir aujourd'hui des plaisirs de la vie ; au contraire, il lui reproche de l’avoir trop fait car il est trop tard pour profiter de la vie, la mort étant déjà là ; et, à défaut de rassurer et de revigorer, il alerta, inquiéta, poussant le tableau de la mort jusqu’au réalisme le plus sinistre, le plus macabre. Et terrible est le souhait que la femme infidèle soit condamnée au remords éternel.
On devine que le poème est une confidence. On peut considérer que les mots de Baudelaire sont adressés à Jeanne Duval, «la Vénus noire», la maîtresse qui lui inspirait amour mais aussi haine du fait de son caractère volage, qu’il les écrivit dès le début d’une liaison qui allait être constamment orageuse.
Apportant des modifications dans la