Ce qui caractérise les philosophies eudémonistes, c’est leur optimisme : elles pensent que grâce à un travail rationnel de la volonté, nous pourrons échapper à l’emprise des désirs. Que ce soit le stoïcisme ou l’épicurisme, nous ne sommes malheureux que dans la mesure où l’homme est faible par rapport à ces désirs. Ce texte de Jean-Jacques Rousseau est extrait de Julie ou la Nouvelle Héloïse, 1761. Ce qui va caractériser le problème du texte qui nous est proposé, ce n’est pas cette thématique de la volonté. Au contraire, ce que va montrer Rousseau, c’est que loin de nous rendre malheureux, les désirs nous fournissent la seule possibilité de jouir de l’existence, car avec le désir se trouve l’espoir et l’imagination. Le désir embellit un monde, qui est terne, triste. Nous ne sommes pas Dieu, et donc nous ne pouvons nous contenter de la réalité. L’auteur se livre à deux descriptions : l’état de désir, c’est-à-dire lors de l’absence de ce qui est désiré, l’imagination embellie par conséquent l’image de ce qui est désiré. Ensuite, Rousseau décrit l’état où l'on se trouve lorsque l’on vient à posséder ce qui était désiré, la réalité ne pouvant rivaliser avec la beauté qu’avait produite l’imagination. Rétrospectivement, on se rend compte qu’il n’y a illusion et beauté que lors du désir et que le plaisir qu’elles procurent est bien supérieur à celui de la possession et de la jouissance de l’objet désiré. Pour Rousseau, la vie ne vaut vraiment d’être vécue que si elle est emplie de désirs. Ce texte s’organise en trois moments ; dans un premier moment, des lignes 1 à 3, il nous est dit que le bonheur est dans le désir plus que dans la possession de ce qui est désiré. Dans un second moment, des lignes 3 à 12 Rousseau démontre que l’homme est fait pour désirer. Sa capacité à désirer, en effet, lui rend comme présent l’objet de son désir tandis que la possession de cet objet détruit la beauté qu’avait produite l’imagination. Enfin, dans un dernier moment, des lignes 13 à 17,