Commentaire sur "Le baron perché de Italo Calvino"
En respectant l’intangible choix initial, en assurant la vraisemblance de l’entreprise, en maintenant un humour moqueur, qui entraîne l'enthousiasme du lecteur, celui-ci l’attendant au détour de chaque page en se demandant comment il soutiendra une telle gageure, Calvino développe sa fiction rationnellement, d'une façon implacablement réaliste et implacablement logique, pour exposer les conséquences de cette situation paradoxale. Il fait croire à un modèle de vie possible, accumulant toutes sortes de péripéties (qui, l'arbitraire et le hasard régnant, font toutefois un peu fourre-tout, l'histoire perdant ainsi de sa densité), pour le moins originales, inscrites dans un espace, un temps extrêmement précis. Il créa ainsi une sorte de Robinson ligure, un homme en lutte avec la nature à la façon dont le montrait Defoe. Le personnage est présenté par un témoin, son frère, la personne qui la plus proche de lui, son admiration affleurant tout au long du récit sans toutefois transformer l’aîné en sur-homme, s’estompant lorsqu’il est rattrapé par la veillesse implacable.
Calvino indiqua qu’à partir d’une image fondatrice, il développa «une histoire qui se souciait de rendre justifiable et vraisemblable jusqu'à l'irréalité de la trouvaille initiale», à partir d’«un paysage et une nature, certes imaginaires, mais décrits avec précision et nostalgie». Il concluait : «En somme, j’avais fini par prendre goût au roman, dans le sens le plus traditionnel du terme».
L’action était située dans la région d'Ombreuse, près de Gênes, qui passait alors pour l'une des plus densément boisées d'Europe, un atavisme de cette époque lointaine où «un singe parti de Rome pouvait arriver en Espagne sans toucher terre, rien qu'en sautant d'arbre en arbre». On se demande dès les premières lignes si le baron pourra continuellement mener une vie aérienne dans un