Commentaire littéraire

Au XVIIIème siècle, les auteurs remettent en cause des thèmes jusqu’alors intouchables. C’est le cas pour l’esclavage que Marivaux tente de dénoncer par l’écriture de sa pièce de théâtre intitulée l’Ile des Esclaves. Cette pièce, représentée pour la première fois à Paris le 5 mars 1725, s’inscrit dans le registre comique et se rattache au mouvement des Lumières. C’est un apologue écrit en prose et comportant un seul acte. Le récit porte sur les rapports entre les maitres et les serviteurs en mettant en scène le naufrage de Iphicrate et de son valet Arlequin sur une île où les esclaves ont pris le pouvoir et dominent maintenant leurs anciens maîtres. L’extrait étudié se trouve être la première scène de la pièce, c’est donc la scène d’exposition.
En quoi la scène d’exposition annonce-t-elle l’inversion des rapports entre les deux protagonistes ?
Pour répondre à cette question, nous montrerons d’abord que l’extrait comporte toutes les fonctions de la scène d’exposition pour ensuite nous intéresser à l’évolution des rapports entre les personnages au cours de la scène.

Pour commencer, nous allons montrer que l’extrait étudié dispose des caractéristiques premières de la scène d’exposition. Nous allons pour cela commencer par présenter les personnages principaux et leurs origines, ensuite nous étudierons la mise en place de l’intrigue, et pour finir nous démontrerons que la scène possède des caractéristiques propres de l’utopie.
Dans cet extrait, deux personnages sont exposés. Le premier se nomme Iphicrate et porte le nom d’un stratège athénien de l’Antiquité. Le second se nomme Arlequin et il porte lui le nom d’un personnage typique de la Commedia dell’arte, genre de théâtre italien apparu au XVIème siècle. On observe très vite le rapport entre les deux personnages lorsqu’Iphicrate, dans la première réplique, appelle Arlequin : « Arlequin ! » (l. 2) et que celui répond : « Mon patron ! » (l. 4). On devine alors qu’Arlequin s’avère être