COMMENTAIRE TYPE
Marivaux, dramaturge et romancier du XVIIIe siècle français, laisse à sa mort plusieurs pièces non jouées dont la pièce tardive en un seul acte, les Acteurs de Bonne Foi. L’intrigue repose sur le projet de mariage entre le neveu de Madame Hamelin, très riche veuve, et Angélique, jeune fille de province titrée mais peu fortunée. Madame Hamelin exige qu’une représentation théâtrale se déroule chez la future belle-mère de son neveu, Madame Argante, qui ne peut se dérober. Cette représentation doit être interprétée par les valets sous la direction de Merlin, qui persuade Lisette puis Colette et Blaise, deux paysans promis l’un à l’autre, de jouer. Merlin en a composé le canevas et la pièce va se donner à l’impromptu. On relève des registres opposés présents dans le titre de la pièce, « Les Acteurs », registre de la feinte, et « de Bonne Foi », registre de la sincérité et de la vie, si bien qu’on se posera la question des rapports ambigus et complexes entre le jeu théâtral et le « réel ». On se penchera tout d’abord sur le rôle de Merlin dans cette scène, pour détailler ensuite les enjeux de la mise en abyme, et enfin voir en quoi le Marivaudage permet de sensibiliser le spectateur aux rapports entre « réel » et illusion théâtrale, et de lui plaire.
Tout d’abord, Merlin apparait comme l’organisateur de cette représentation mais aussi comme un manipulateur condescendant. En effet, les impératifs « allons », « tâchons », « répétons » indiquent un certain paternalisme ; de fait, Merlin s’inclut dans le groupe par ce procédé qui semble bienveillant mais qui vise à enrôler plus facilement les autres domestiques. De plus, « de ta comédie » atteste que c’est bien Merlin qui est à l’origine du canevas qui sera joué, il peut donc faire ce qu’il veut. Lorsqu’il dit « vous ne sortez point de votre caractère », il résume bien le procédé qu’il veut employer, c’est-à-dire faire les comédiens jouer qui ils sont. Il se veut