Commentaire ubu roi acte 1 scene 1
Les réactions du lecteur
Le caractère inattendu et provocateur du langage est sensible à travers la grossièreté, le mélange des registres, l'inappropriation du langage aux personnages. Le lecteur peut en être choqué.
1. La grossièreté : elle est sensible dans la reprise de certains termes, dérivés de mots vulgaires. Merdre ouvre et ferme la scène, d'abord dans la bouche d'Ubu puis dans celle de Mère Ubu à deux reprises. On en retrouve quatre occurrences, redoublement souligné par le chiasme et la présence de bougre. La septuple reprise et sa place soulignent la mise en valeur du mot. Le vrout qui le précède dans la dernière réplique de Mère Ubu ajoute un second mot grossier qui accentue la vulgarité du précédent. Cette vulgarité est présente aussi dans le lexique : fiole , cul (repris), dur à la détente. D'autres jurons émaillent le passage: Ventrebleu , et l'expression de par ma chandelle verte, constante chez Ubu. Ces deux jurons frappent par leur archaïsme. Le terme Ventrebleu et la construction de par font référence au langage du XVI e siècle. 2. Le mélange des genres : on remarque aussi la présence d'archaïsmes soutenus au voisinage de termes familiers ou courants. Sur le plan lexical, la reprise de l’archaïsme vous estes , l'adverbe intensif fort, le nom estafiers, l'expression vous me faites injure, renvoient à une langue classique. La proximité de termes familiers dans les derniers cas (voyou, coupe- choux, passer... par la casserole, manger... de l'andouille) crée un décalage qui se retrouve syntaxiquement. Les constructions anciennes ou / et soutenues sont accompagnées d'un lexique courant. Ainsi, Que ne... , suivi du verbe assom’je, souligné par l'inhabituelle élision. Les termes coupe-choux et fiole sont inattendus. Ces mélanges tendent à disloquer et à ridiculiser le " beau style ". En cela, cette écriture procède d'une volonté délibérée de provocation, que l'on retrouve dans le décalage entre la situation des personnages et