Commentaire un hémisphère baudelaire
Lecture analytique
« Un Hémisphère dans une chevelure », texte de Baudelaire publié en 1862 dans Le Spleen de Paris, est la réécriture en prose d’un poème versifié, « La Chevelure », qui apparaît dans la section « Spleen et idéal » des Fleurs du mal (1857). On trouve dans ces deux poèmes des échos à la vie du poète. Charles Baudelaire (1821-1867) est parisien d’origine mais a séjourné pendant sa jeunesse à l’île Maurice, puis à l’île Bourbon (actuelle Réunion). Le thème de l’évasion et les souvenirs tropicaux du poème trouvent ainsi une explication. Par ailleurs, les poèmes « La Chevelure » et « Un Hémisphère dans une chevelure » font partie des textes inspirés par Jeanne Duval, une actrice de Boulevard sensuelle et fantasque avec laquelle le poète a entretenu une liaison orageuse pendant 23 ans. Cette femme était métisse et Baudelaire la surnommait, en raison de sa peau brune, « la Vénus noire ». La lourde chevelure noire célébrée dans les deux textes est celle de Jeanne Duval.
Plan de l’explication : I. Un poème en prose II. Une célébration sensuelle de la femme III. Un voyage immobile
I. Un poème en prose
1. Une structure en boucle
Comme sa version versifiée, « Un Hémisphère dans une chevelure » est divisé en sept sections de taille équivalente. Les poèmes en prose de Baudelaire comportent souvent des paragraphes courts. On remarque que le premier et le dernier paragraphe se font écho. En effet, ils commencent tous deux par la même structure syntaxique : l’impératif « Laisse-moi » est suivi d’un verbe renvoyant à un sens (l’odorat puis le goût), de l’adverbe « longtemps » et d’un COD qui évoque la chevelure. Le même thème du souvenir apparaît dans ces deux paragraphes, avec une évolution : il s’agit de « secouer des souvenirs dans l’air » dans le premier paragraphe et de les manger dans le dernier,