COMMENTAIRE Dès le XIIIe siècle, la souveraineté des rois de France est invoquée pour faire face à ceux qui, à l'intérieur comme à l'extérieur du royaume, tentent de contester l'autorité du monarque. Jusqu'au XVIe siècle, elle est plus une arme doctrinale qu'un concept neutre. La souveraineté se substitue à la suzeraineté : elle ne résulte pas d'un rapport hiérarchique au sein de la structure féodo-vassalique mais d'une suprématie ontologique de la fonction royale. Le roi suzerain imposait sa supériorité en nouant des contrats d'homme à homme avec ses vassaux, ce qui présentait l'inconvénient de ne pouvoir étendre directement son autorité sur ses arrière-vassaux ; le roi ignore les liens interpersonnels et fait rayonner sa puissance sur tous ses sujets. La consécration théorique de la souveraineté résulte d'un concept auquel Jean Bodin donne, en dépassant la conception antique de l'imperium, sa dimension typiquement moderne. Jean Bodin est né à Anger en 1529 et mort de la peste en 1996. C'est le fils d'un négociant fortuné qui appartenait à une famille de magistrats. A Nantes et à Toulouse, il étudie puis enseigne le droit. Il devient ensuite avocat au Parlement de Paris. Il sera notamment nommé, par Charles IX, commissaire à la réforme des forêts de Normandie et il travaillera au service du duc d'Alençon. En 1576 paraissent les Six Livres de la République où il prend des positions doctrinales nettement favorable à l'absolutisme, c'est-à-dire qu'il prône un système de gouvernement où le souverain possède une puissance de droit divin et sans limites constitutionnelles. Il prépare l'absolutisme en mettant au point une théorie de l'Etat souverain. C'est un des premiers livres de philosophie politique des Temps modernes présentant une théorie constitutionnelle complète. La souveraineté est le concept central de la théorie bodinienne. Quelle la théorie de Bodin sur la souveraineté ? Quels sont quelques unes de ses caractéristiques ? Bodin théorise le concept