Commentaire d'extrait des esquisses pyrhoniennes, livre ii, paragraphes 85-87
Explication du texte de Sextus Empiricus
Texte : Les dogmatiques disputent entre eux sur le Vrai : quelques uns disent qu'il y a quelque chose de Vrai ; et d'autres qu'il n'y a rien de vrai. Cela étant on ne peut point décider cette controverse, parce que si celui qui dit qu'il y a quelque chose de vrai, le dit sans démonstration, on ne le croira pas, à cause que cela est contesté : et s'il veut apporter une démonstration et qu'il avoue qu'elle est fausse, il se réfutera lui-même : mais s'il dit que sa démonstration est vraie, il tombera dans le Diallèle. (Car il prouvera qu'il y a quelque chose de vrai par une démonstration qu'il dit être vraie mais qu'il ne peut prouver être vraie à moins qu'il n'ait prouvé qu'il y a quelque chose de vrai.) De plus on lui demandera une démonstration pour prouver que sa première démonstration est vraie, et encore une démonstration de cette seconde, et ainsi à l'infini. Mais on ne peut point démontrer ainsi à l'infini ; et par conséquent il faut dire qu'on ne peut connaître en aucune manière qu'il y ait quelque chose de vrai. Bien plus. Ce quelque chose, qu'ils disent être le genre généralissime de toutes choses, est ou vrai ou faux ; ou bien, il n'est ni vrai ni faux ; ou bien il est vrai et faux tout ensemble. S'ils disent qu'il est faux, ils avoueront que toutes choses sont fausses: car comme, de ce que cette chose, qui est animal, est animée, il s'enfuit que tous les animaux en particulier sont animés; de même, si le quelque chose qui est le genre généralissime de toutes choses est faux, toutes les choses particulières seront fausses aussi, et il n'y aura rien de vrai ; mais de là on conclura aussi qu'il n'y a rien de faux. Car cette proportion, toutes choses sont fausses, sera fausse aussi parce qu'elle est quelque chose : et comme cette proposition particulière, il y a quelque chose de faux, est comprise dans la générale qui est fausse, elle fera fausse aussi, et par conséquent|étant faux que