Commentaire d'un extrait de musset
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Alfred de Musset (1810-1857)Confession d’un enfant du siè?cle1,2 (1836)(Extrait)Par Robert Ferrieux|| Alors s’assit sur un monde en ruines une jeunesse soucieuse. Tous ces enfants é?taient des gouttes de sang brû?lant qui avait inondé? la terre ; ils é?taient né?s au sein de la guerre, pour la guerre. Ils avaient rê?vé? pendant quinze ans des neiges de Moscou et du soleil des Pyramides. Ils n’é?taient pas sortis de leurs villes, mais on leur avait dit que, par chaque barriè?re de ces villes, on allait à? une capitale de l’Europe. Ils avaient dans la tê?te tout un monde ; ils regardaient la terre, le ciel, les rues et les chemins ; tout cela é?tait vide, et les cloches de leurs paroisses ré?sonnaient seules dans le lointain. Trois é?lé?ments partageaient donc la vie qui s’offrait alors aux jeunes gens : derriè?re eux un passé? à? jamais dé?truit, s’agitant encore sur ses ruines, avec tous les fossiles des siè?cles de l’absolutisme ; devant eux l’aurore d’un immense horizon, les premiè?res clarté?s de l’avenir; et entre ces deux mondes... quelque chose de semblable à? l’Océ?an qui sé?pare le vieux continent de la jeune Amé?rique, je ne sais quoi de vague et de flottant, une mer houleuse et pleine de naufrages, traversé?e de temps en temps par quelque blanche voile lointaine ou par quelque navire soufflant une lourde vapeur ; le siè?cle pré?sent, en un mot, qui sé?pare le passé? de l’avenir, qui n’est ni l’un ni l’autre et qui ressemble à? tous deux à? la fois, et où? l’on ne sait, à? chaque pas qu’on fait, si l’on marche sur une semence ou sur un dé?bris. Voilà? dans quel chaos il fallut choisir alors ; voilà? ce qui se pré?sentait à? des enfants pleins de force et d’audace, fils de l’Empire et petits-fils de la Ré?volution. Or, du passé? ils n’en voulaient plus, car la foi en rien ne se donne ; l’avenir, ils l’aimaient, mais quoi ! comme Pygmalion Galaté?e : c’é?tait pour eux comme une amante de marbre, et ils attendaient qu’elle s’animâ?t, que le sang