Commentaire d'un extrait des vies minuscules, de pierre michon, vie du père foucault
Vie du Père Foucault (pp. 154-156)
Nous allons commenter un extrait de Vie du Père Foucault, des Vies Minuscules, de Pierre Michon (« Aussi les clercs... » p.154 à « chants grégoriens. » p.156) et essayer de montrer en quoi il est représentatif de l'ensemble de l'œuvre. Nous allons nous interroger sur la façon dont le narrateur brosse le portrait de ses modèles. Dans cet extrait, le narrateur, mal-en-point après une beuverie qui s'est finie par une rixe, assiste à l'hôpital à la tentative de persuasion de soins d'un petit homme silencieux par une bruyante équipe de médecins. Cette scène, apparemment anodine contient de nombreux traits caractéristiques des Vies Minuscules. Nous allons tâcher de montrer dans un premier temps l'aspect satirique que le narrateur donne à la scène, notamment dans la description des médecins et sur leur façon d'encercler leur objet d'étude; puis dans un deuxième temps nos observerons comment le patient, le père Foucault, par opposition aux médecins, est valorisé malgré son illettrisme et présenté comme un modèle, inflexible et sûr de soi. En guise de conclusion nous traiterons de la position même du narrateur dans l'extrait, et nous verrons de quelle façon, renversant les valeurs, il s'identifie à ce modèle.
Dans un premier temps, relevons que l'entrée en scène des médecins marque une rupture avec le calme ambiant de la salle d'hôpital et dérange le narrateur dans sa quiétude, comme en témoigne l'utilisation des termes « je fus arraché »1. On a la sensation d'avoir ici affaire à un souvenir persistant, clair et frais dans la mémoire du narrateur; ce qui contraste singulièrement avec le récit itératif, vague et confus qui précédait. Il semble donc que cette scène l'ait profondément marqué. Toute une série d'images, qui, pour donner le ton, commence par l'adjectif « théâtrale »2 , confirme cette prise de position, cette occupation de l'espace par les nouveaux