Commentaire
En effet, son tort est d’être " follement " amoureux. Il présente une démarche courageuse et suicidaire au début de la scène : v. 17 " J’ai fait le crime et je vais l’expier ". (Pourtant, ce n’est pas lui qui a directement tué Pyrrhus. Ce sont ses hommes. Il a avoué ne pas en avoir eu le courage. ) Apprenant la mort d’Hermione, il garde quelques instants de lucidité, lançant des imprécations au Ciel qui s’acharne sur lui et parlant avec ironie de son sort. Mais il parle déjà de lui au passé : vers 38 : " j’étais né pour servir d’exemple à ta colère ". Hermione est morte, il n’a plus d’avenir et pense encore plus au suicide (v.42) : " Dans leur sang, dans le mien, il faut que je me noie / L’un et l’autre en mourant je les veux regarder. "
Il n’aura pas l’occasion d’accomplir cet acte qui en ferait quelqu’un de responsable. Les Dieux peuvent aller encore plus loin dans la punition et vont le rendre fou. Il se voit alors, dans un décor sanguinolent, poursuivi par les " regards affreux " d’Hermione (v.56), par les serpent et les démons qui sont derrière elle (v.57), par les " Filles d’enfer " (59), (les Furies ou Erynies) tirant derrière elles un véhicule nautique certainement (" l’appareil ") destiné à l’emporter à tout jamais (v.60) sur le fleuve des Enfers.
La fatalité, le " fatum " dispose ainsi de l’individu. Oreste sait qu’il n’est qu’un jouet entre les mains des Dieux. Il manifeste l’acceptation de ce rôle (l.38: j’étais né pour servir d’exemple ") par l’ironie (v.34, " je te loue, ô Ciel ", v.40 " je meurs content et mon sort est rempli ", v. 41 " pour couronner ma joie ". Stupidité ? Provocation ? Il ne peut pas être plus mal traité, " modèle accompli " du malheur, comme il le dit lui-même. Mais il se dit peut-être qu’il l’a mérité. Il n’est pas