Comparaison entre le dom juan de molière et celui de rostand
Venant juste après le naturalisme, Edmond Rostand (1868-1918) a réussi avec éclat à ressusciter le drame romantique qu'on croyait mort à jamais depuis l'échec des Burgraves de Victor Hugo en 1843. Étudiant en droit, il écrit des vers et, en 1888, publie un vaudeville, Le Gant rouge, représenté sans succès au théâtre Cluny. Le recueil de poésies, Les Musardises (1890), marque son entrée définitive dans le monde des lettres. L'année suivante, sa pièce Les Deux Pierrots est mal accueillie, alors que Les Romanesques, comédie en vers parue en 1894, malgré sa mièvrerie et sa préciosité, séduit néanmoins par sa grâce et son brillant. Cette pièce donne déjà un aperçu du style fantaisiste et poétique qui va s'épanouir dans ses prochaines œuvres. Il remporte enfin un triomphe au théâtre de la porte Saint-Martin, le 28 décembre 1897, lors de la représentation de Cyrano de Bergerac, comédie héroïque en cinq actes. Il est élu à l’académie française en 1901, mais il décide de se retirer au Pays-Basque pour raison de santé. Sa pièce La dernière nuit de Don Juan est publiée en 1921, trois ans après sa mort.
2-Le contexte
Publiée à titre posthume en 1921, jouée à Paris en 1922, cette pièce presque inconnue met en scène la rencontre de Don Juan et du Diable, l'éternelle joute de l'homme contre les forces obscures. La pièce de Rostand commence là où finit celle de Molière. Don Juan et le Commandeur descendent vers les enfers tandis que résonne encore le "Mes Gages" de Sganarelle. Là, Don Juan, maître de la séduction, négocie avec le diable. Convaincu, celui-ci lui accorde dix ans de sursis. Dix ans plus tard à Venise, le diable, sous les traits d'un vieux marionnettiste, vient donc chercher Don Juan vieillissant mais toujours superbe. A partir de là, une joute oratoire s'engage entre eux, combat entre l'orgueil de l'Homme niant Dieu (et donc le Diable) et les forces de l'irrationnel. Don Juan va tenter de justifier son mode de vie, de pensée et donc son existence même,