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Développement des clés d’analyse
Par Anne Régent et Laurent Susini
Petits Classiques Larousse
-1-
Phèdre de Racine
Acte IV, scène 2
Clefs d’analyse
Compréhension
L’affrontement
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L’organisation du dialogue est remarquable par le manque d’évolution : en effet
Thésée garde toujours le rôle d’accusateur et empêche le dialogue de progresser vers une compréhension mutuelle, tandis qu’Hippolyte ne fait que se défendre sans jamais passer à l’accusation, sauf à la fin de la scène où c’est Thésée qui le réduit au silence.
Le dialogue échoue donc à cause d’un silence fondamental : celui d’Hippolyte, qui, pour ne pas accabler Phèdre, ne peut se disculper auprès de son père. On peut en dégager la structure en cinq temps : après la question d’Hippolyte qui lance le dialogue, une première partie est constituée par la première tirade d’accusation et d’imprécation de Thésée (v. 1044-1076) et d’une réponse en esquive d’Hippolyte qui se réfugie dans le silence. Vient ensuite une seconde partie (v. 1077 à 1113) où
Hippolyte répond aux accusations de Thésée mais en se bornant à se défendre par un plaidoyer sans jamais passer à l’accusation. À la troisième relance des reproches de
Thésée, Hippolyte répond par un aveu, mais qui n’est pas celui qu’attend Thésée : l’aveu de son amour pour Aricie (v. 1119-1126). Dans la quatrième partie du dialogue, la plus vive, puisque les tirades cèdent la place à des répliques brèves proches de la stichomythie, Thésée refuse de croire son fils et renouvelle ses imprécations (v. 1127-1148). Enfin, à partir du vers 1149, Hippolyte ébauche pour la première fois une allusive accusation contre Phèdre, et Thésée le contraint à fuir.
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Les arguments employés par Hippolyte pour sa défense sont fondés sur l’êthos, c’est-à-dire sur l’image que le locuteur donne de lui-même : ainsi dans la tirade qui s’étend des vers 1087 à 1113, il souligne l’invraisemblance des accusations qui l’atteignent, compte tenu de son caractère : Examinez ma vie,