Composition hugo
ÉTUDE DU MANUSCRIT
Je tiens avant tout à remercier Guy Rosa pour ses conseils avisés et son aide précieuse.
On a peu étudié les manuscrits des recueils de Hugo antérieurs à l’exil. René Journet et Guy Robert ont pourtant fait une transcription extrêmement rigoureuse et très précieuse de quatre recueils, Les Feuilles d’automne, Les Chants du crépuscule, Les Voix intérieures et Les Rayons et les ombres. Cependant, ils insistent eux-mêmes sur le fait que les corrections visibles dans ces manuscrits n’apportent que des informations partielles sur la méthode créatrice de Hugo : « Les 4 manuscrits étudiés n’ouvrent qu’une vue assez restreinte sur le travail créateur de Hugo. Ils ne constituent en effet que des mises au net, le plus souvent très proche du texte définitif.»1. La correspondance de Hugo, comme souvent, est très allusive à l’égard de la composition du recueil des Feuilles d’automne. On peut tout au plus avoir des informations sur les circonstances qui ont poussé Hugo à la rédaction de tel ou tel poème.
La correspondance de Hugo avec ses éditeurs ne nous en apprend guère plus sur le travail de l’artiste autour des Feuilles d’automne. Hugo, en octobre 1831, se sépare de Gosselin et préfère traiter avec Renduel pour imprimer le recueil. Contrairement à ce que Hugo laisse entendre dans la préface du recueil2, il est loin de se désintéresser des « question[s] de second ordre » qui concernent le « libraire et non [le] poète »3 et il débat âprement avec Gosselin, comme avec Renduel, de questions financières.
Si on est au fait des querelles d’édition qui ont entouré la publication du recueil, on sait assez peu de choses sur la méthode de travail de Hugo pour composer Les Feuilles d’automne. Notre seule ressource est de nous appuyer sur les manuscrits. Certes, les corrections n’y sont pas spectaculaires en apparence, mais elles nous obligent à nous attacher à de petits phénomènes qui en disent beaucoup sur la création