Compréhension/explication
Année 2002-2003 Ens Ulm
Fiche faire par Raymond Aron
La référence majeure pour nous est l’Introduction à la philosophie de l’histoire : par sa thèse soutenue en 1938 R. Aron introduit en France la « querelle des méthodes ». Cependant, pour en faciliter la lecture, on présentera d’abord l’article de 1981 qui donne une vision assez claire des notions de compréhension et d’explication chez R. Aron.
« Quelques remarques sur la compréhension et l’explication »,
Revue européenne des sciences sociales, 1981
La spécificité de la compréhension par rapport à l’explication
R. Aron prend l’exemple de la façon dont les historiens analysent les décisions de Hitler pendant la seconde guerre mondiale : en reprenant les critères de M. Weber, on peut dire que ce type d’analyse relève de la compréhension car les historiens éclairent ce qui a eu lieu en dégageant l’intelligibilité intrinsèque à la délibération d’Hitler. Comprendre, c’est déchiffrer une conscience (prendre en compte l’intention de l’acteur) en en dégageant une sorte de rationalité (au sens conformité du moyen à la fin). Ainsi, la relative modération des exigences de l’armistice de juin 1940 est compréhensible car elle apparaît comme rationnelle dans le cadre de la stratégie hitlérienne. Au contraire, dans le cas de la déclaration de guerre aux États-Unis, l’historien doit renoncer à la compréhension car il n’arrive pas à saisir en quoi cette décision est rationnelle dans le projet hitlérien.
Il y a donc là une différence substantielle entre explication (d’une chute de pluie sur le quartier latin) et compréhension (d’une décision d’Hitler). La compréhension suppose une intelligibilité intrinsèque de l’objet à étudier (il faut que ce soit un objet intentionnel), alors que pour l’explication, la relation intelligible utilisée n’est pas immanente à l’objet.
Les limites du compréhensible
La