Compte-rendu critique: le ciel de bay city de catherine mavrikakis

2165 mots 9 pages
COMPTE RENDU CRITIQUE : LE CIEL DE BAY CITY, MAVRIKAKIS CATHERINE, Roman, Éditions Héliotrope, 2008, 292 pages

FAIRE VIVRE UNE AUTRE HUMANITÉ...

1- La Parole malade, soumise à la folie des hommes et les blancs de mémoire.

Le ciel de Bay City, en plus de faire se croiser le passé et le présent au dessus de nos têtes de lecteur, (la temporalité ignore les frontières, le ciel n’est pas couturé, ni blessé, comme les hommes : serait-ce là l’origine de l’« indifférence » que lui prête Amy, le personnage principal, quand elle lève le poing vers lui, en crachant insolemment un refrain d’Alice Cooper?), Le ciel de Bay City réunit deux nostalgies familières au cœur humain: le Noir vibrant des lettres toujours en deuil d’elles-mêmes, qui confronte tout en l’incarnant, le Blanc d’une parole qui se tait, tarie d’elle-même au plus nu de l’horreur humaine, et qui ne veut et ne peut sortir de sa nuit, blanche elle aussi. Cette parole vidée d’elle-même est celle des victimes de l’horreur nazie. Elle est tout aussi bien celle de toutes les victimes de l’horreur et de la cruauté, sous toutes les latitudes. C’est une des dimensions frappantes du roman de Mme Catherine Mavrikakis. Pour rendre un peu de chair à cette parole abîmée menacée de disparition, pour pouvoir la lire et l’accepter, Amy, la jeune héroïne du roman, presque dix-huit ans, la met en scène au travers de la sienne propre d’une façon presque carnavalesque, « le rire carnavalesque qui lève les interdits et les tabous possède, dans une certaine mesure, une charge de contestation de l’autorité, » à la manière du théâtre de rue médiéval quand les comédiens montaient sur « l’échafaud ». La vie dans ces conditions nous dit Amy, est une malchance : « la mort est derrière moi. Je suis condamnée à la vie. » Parole carnavalesque, mais surtout émouvante. Son discours ainsi grimé, tantôt grinçant, tantôt effrayé, Amy lutte contre la disparition de l’autre parole, la presque disparue, la médiatrice, celle qui se

en relation

  • tonduedechartrestexte
    608 mots | 3 pages
  • Amy the great
    524 mots | 3 pages
  • Graal chapite 1,2,3
    1835 mots | 8 pages
  • Venus et psyshee
    254 mots | 2 pages
  • Emission littéraire - analyse rapport de brodeck
    1946 mots | 8 pages
  • Français
    355 mots | 2 pages
  • Andréa
    531 mots | 3 pages
  • Le raport de brodeck: résumé par chapitre
    3278 mots | 14 pages
  • Magnus
    468 mots | 2 pages
  • Le second souffle de pozzo di borgo
    748 mots | 3 pages
  • lecture analytique, La colonie de MARIVAUX
    626 mots | 3 pages
  • La parole permet-elle ce qui permet d'émouvoir le mieux autrui ?
    795 mots | 4 pages
  • La comedia dell'arte
    669 mots | 3 pages
  • Analyse bénédiction
    1078 mots | 5 pages
  • M, gringo
    2105 mots | 9 pages