Compétence politique ou bricolage idéologique
Séance n°3 : Compétence politique ou bricolage idéologique
Introduction :
« La question de la compétence politique est constamment reprise tout au long de l’histoire des sciences sociales»1. Celle-ci se définit selon Pierre Bourdieu comme : « la capacité de passer d’une expérience personnelle à un problème d’ordre plus général. C'est la capacité à faire d'un cas particulier l'exemple d'une loi universelle »2. Or tout le monde est loin d'être capable d'une telle montée en généralité. Pour accéder à la parole politique il faut se sentir capable et autorisé à le faire, et ces dispositions sont largement déterminées socialement, c’est ce que nous étudierons plus loin.
« La compétence politique est l’un des principaux objets de controverses entre les spécialistes des sciences politiques car ses enjeux sont non seulement scientifiques, mais aussi normatifs »1.
Comme Loïc Blondiaux le souligne dans son article sur la compétence politique, ces enjeux concernent : « la validité des représentations officielles de la démocratie représentative, la légitimité du peuple à intervenir dans les affaires de la cité, l’analyse de l’opinion publique ou encore la validité des enquêtes d’opinion ». Mais si les enjeux des controverses sur la compétence politique sont constants, les arguments se renouvellent et contribuent au déplacement des questions et des hypothèses de recherche. Il faut donc périodiquement rouvrir ce dossier pour intégrer et discuter les évolutions des perspectives. C’est cette ambition qui a animé les travaux des chercheurs chiliens et français réunis dans le cadre d’un programme de coopération. Les résultats de ces travaux sont notamment présentés dans les deux articles du corpus à savoir celui de Loïc Blondiaux dans « Faut-il se débarrasser de la notion de compétence politique ? Retour critique sur un concept classique de la science politique » et celui d’Alfredo Joignant dans « Compétence politique et bricolage. Les formes profanes du rapport