LE DESIR D’abord, il nous serait impossible d’admettre que nous puissions désirer sans souffrir. En effet, comme l’entend Platon on ne désire que ce que nous ne possédons pas car désirer consiste à créer un manque imaginaire. Donc pour ne plus être en état de souffrance il nous faut obtenir ce que nous désirons. Cependant, entre le moment où nous désirons quelque chose et celui où nous l’obtenons, nous sommes condamnés à attendre. Ce désir est d’autant plus intense qu’il provoque la cristallisation de l’objet ou de l’être aimé. Pour combler le vide, il est nécessaire de fournir des efforts, que l’on définit comme des sacrifices. Puis, lorsque nous avons ce que nous désirons, on s’en lasse rapidement, c’est la décristallisation. C’est exactement ce que Schopenhauer illustre en apparentant la vie à un pendule oscillant entre la souffrance et l’ennui. Toutefois, nous ne pouvons pas affirmer catégoriquement que le désir est uniquement un synonyme de manque. Effectivement, selon Rousseau, le désir peut, dans certaines situations, s’avérer être une réponse à la plénitude. Dans ce cas, Spinoza distingue alors le désir de l’espérance qui, elle, procédant de l’ignorance génère de la crainte et s’oppose donc au bonheur. Mais si l’on peut limiter la souffrance, il serait judicieux, comme le suggère Epicure, de s’affranchir de tout besoin afin de ne pas créer de dépendance. Cependant, il est important acquérir une certaine tempérance et, d’après Descartes, ne pas demander l’impossible en mesurant ses désirs pour mieux vivre avec un manque qui, de toutes façons, est