Université de Paris 7-Denis Diderot
Année universitaire 2014-2015
Cours de Licence : 46 LM31A5- Théories littéraires du Moyen-Âge à l'Âge classique
Pascal Debailly

COMIQUE ET SAGESSE DANS LES FABLES
Conférence du vendredi 5 décembre 2014
(À ne pas diffuser et à utiliser dans le strict cadre du cours)

"A qui donner le prix ? Au cœur si l'on m'en croit"
(XII, 15, v. 134)

INTRODUCTION

La question du comique dans les Fables est indissociable de celles de la poésie et de la sagesse, de la poésie dans la mesure où l'on peut la définir comme un art d'être au monde par le langage, de la sagesse dans la mesure où l'on peut la définir comme un art de vivre avec soi-même et avec les autres. Ce que nous allons tenter ici, c'est de montrer en quoi la poésie comique de La Fontaine est porteuse d'une sagesse, d'un certain rapport au monde. Ce sera pour nous une occasion d'approfondir le sentiment de joie que communique la lecture des Fables. Dans un premier temps, nous analyserons les principales formes du comique chez La Fontaine, puis dans un second temps nous mettrons en évidence les principales lignes de sa sagesse.

I LES FORMES DU COMIQUE DANS LES FABLES

A Le rire et le comique

Les Fables sont placées sous le signe du rire et des bons mots d'Esope, comme l'atteste La Vie d'Esope qui ouvre le recueil des Fables (éd. M. Fumaroli, p. 11-24). LF associe le rire grimaçant d'Esope à une démarche philosophique. Le rire franc, l'éclat de rire, apparaît en outre explicitement dans les Fables, comme dans Le Milan, le Roi et le Chasseur (XII, 12) :

Lui de crier, chacun de rire, Monarque et courtisans. Qui n'eût ri ? quant à moi, Je n'en eusse quitté ma part pour un empire. Qu'un pape rie, en bonne foi Je ne l'ose assurer ; mais je tiendrais un roi Bien malheureux, s'il n'osait rire : C'est le plaisir des dieux. Malgré son noir sourcil, Jupiter et le peuple immortel rit aussi. (v. 105-112)

Malgré cette fable, LF ne fait pas de théorie du rire. Il ne place