Confessions d'un anglais qui mange de l'opium
On m’a souvent demandé comment et par quelles dispositions je devins un mangeur d’opium. Était-ce une procédure graduelle, hésitante, et méfiante, comme l’on descend une plage en pente entrant une mer de plus en plus profonde, et d’une conscience du premier des dangers qui était allongé sur ce chemin-ci ; courant plus ou moins à ces dangers-là, alors qu’elle semblait les braver en réalité ? Ou bien était-ce, en second lieu, une procédure accomplie dans l’ignorance béat de tels dangers, induite en erreur par la fraude de la cupidité ? Car souvent des pastilles, consommées pour soulager des maladies pulmonaires, produisirent un effet sur l’opium qu’elles contiennent, sur ceci et ceci seul, quoiqu’elles reniassent à une voix vociférante une alliance si suspecte : et sous couvert si perfides des foules se laissaient convaincre d’une dépendance qu’ils n’avaient pas anticipée chez une drogue qu’ils n’avaient pas connue ; même inconnue de nom et de vue : et ainsi il n’est pas rare que la chaine du misérable esclavage soit repérée pour la première fois quand elle s’est enlacée la Constitution de l’État d’une manière labyrinthique. Troisièmement, et en dernier lieu, était-ce -- était-ce sur un coup de tête irrésistible qui se découlait de la douleur corporelle ? Je me répète à voix haute, oui c’est ça ; à voix haute et avec indignation – comme en réponse à une diffamation délibérée. Tout simplement, en tant que calmant c’était, à cause d’être à la merci de la simple pression de la douleur la plus aiguë, que j’eus recours à l’opium pour la première fois ; et c’est justement le même supplice, ou l’un de ses variétés/types, qui pousse la plupart de gens à faire la connaissance du même remède insidieux (sournois ?). Ainsi allait la vie; telles sont les réalités qui nous arrivent par