x des derniers textes d'Annie Ernaux, La Honte (1997) et L'Evénement (2000), révèlent des secrets, mettent à jour le caché, le honteux, disent l'indicible. Ce sont des textes très durs à écrire, à sortir et à lire. Voilà peut-être la raison pour laquelle ils ont été publiés "en tandem," le premier avec "Je ne suis pas sortie de ma nuit," le second avec La Vie extérieure. Ernaux elle-même n'a-t-elle pas confié à la journaliste Catherine Argand: "Il est des textes que je crains de publier seuls. L'Evénement est de ceux-là?" Le texte-confession est ainsi accompagné d'un journal, sur la maladie et la mort de la mère et sur le monde extérieur. Au coeur de La Honte se dresse le geste meurtrier du père qui le 15 juin 1952, alors que sa fille avait presque douze ans, a failli tuer sa femme à l'aide d'une serpe. Ce geste a amené chez l'adolescente une prise de conscience douloureuse de sa classe sociale et constitue, d'après Monique Saigal, la "première grande coupure" (122) d'avec le monde originel. Il trahirait le côté animal, primaire du père et de la classe populaire que celui-ci représente. L'Evénement, lui, porte sur l'avortement clandestin que l'auteur a subi en 1963 et qui, selon la narratrice, trahit sa classe sociale dominée. Tel le geste du père, cette grossesse non souhaitée est vécue par la jeune fille comme la révélation d'une "animalité" en elle. Malgré ses études et sa fréquentation d'un monde supérieur, la narratrice, qu'elle s'appelle Denise Lesur (Les Armoires vides) ou qu'elle soit anonyme (La Honte, L'Evénement), mais de toute façon toujours