Conflits et mobilisation sociale
Pourquoi s'intéresser aux conflits ? A priori, on a souvent tendance à penser que les conflits ne servent à rien, qu'il vaut mieux les éviter. Ce n'est pas du tout ce que pensent les sociologues : en effet, si l'on réfléchit à la dynamique sociale, on est bien obligé de se demander comment elle se fait, et on constate en général que le changement social ne peut se faire qu'à travers des conflits. Ceux-ci ont donc une vertu essentielle : rendre le changement social possible. En effet, si l'on ne pensait pas que les changements sont possibles, ce ne serait pas la peine de se battre. Les conflits sociaux, parce qu'ils mettent les individus dans l'action, contribuent aussi à forger les identités et à développer des solidarités.
Un conflit social met en jeu des acteurs regroupés, il y a donc une dimension collective dans le conflit social. Ces acteurs doivent avoir entre eux des relations d'interdépendance : s'il n'y a pas ces relations entre eux, il y a peu de chance qu'il y ait un conflit car il n'y aurait pas d'objet de conflit. Ces relations d'interdépendance sont dans un rapport de domination, c'est-à -dire que la question du pouvoir est toujours essentielle dans un conflit social : les acteurs n'ont pas tous le même pouvoir et ils essaient d'user de leurs pouvoirs respectifs pour obtenir telle ou telle chose. Enfin, et bien sûr, le conflit social a toujours un enjeu – on peut gagner ou perdre, quelque chose est disputé -, un objet. Cet objet a deux aspects : un aspect matériel, celui qui est mis en avant, et un aspect plus symbolique (celui qui va “ gagner ” aura montré le pouvoir dont il disposait). On le voit, le conflit social se situe entre les tensions, qui peuvent toujours exister entre les individus, et la rupture : il suppose toujours qu'il y a une discussion possible dans le domaine concerné par le conflit, ce qui n'est pas le cas dans la rupture. Les formes d'action changent au cours du temps, de la même façon que