Congé au vent commentaire
À flancs de coteau du village bivouaquent des champs fournis de mimosas. À l’époque de la cueillette, il arrive que, loin de leur endroit, on fasse la rencontre extrêmement odorante d’une fille dont les bras se sont occupé durant la journée aux fragiles branches. Pareille à une lampe dont l’auréole de clarté serait le parfum, elle s’en va, le dos au soleil couchant.
Il serait sacrilège de lui adresser la parole.
L’espadrille foulant l’herbe, cédez0lui le pas du chemin. Peut-être aurez-vous la chance de distinguer sur ses lèvres la chimère de l’humidité de la Nuit ?
René Char, Seuls demeurent, 1945, Éd. Gallimard.
L’introduction
S’il n’est pas le premier à tenter de fixer par l’écriture l’illumination provoquée par l’apparition d’une femme séduisante, si Nerval ou Baudelaire l’ont précédé, René Char, poète de l’instant fugitif, évoque dans son œuvre plusieurs figures féminines éphémères. C’est le cas dans un bref poème en prose intitulé « Congé au vent », tiré du recueil Seuls demeurent, écrit durant la Seconde Guerre mondiale : la rencontre d’une jeune fille mystérieuse dans un cadre rustique, tel est bien au premier abord le sujet de ce poème. Nous analyserons comme le récit de Char met en valeur cette rencontre, avant d’être attentif à ce qui, dans le texte, nous éloigne d’une interprétation d’ordre anecdotique et sentimental.
Les axes de lecture : Évocation d’une rencontre féminine. Mais aussi des indices invitant une autre lecture du texte, d’où deux axes de lecture.
● Le fil directeur : René Char évoque dans un texte bref la rencontre fortuite d’une passante, mais cette rencontre mystérieuse n’est pas seulement d’ordre amoureux.
● Le plan détaillé du commentaire composé :
Le développement
Premier axe de lecture : La rencontre fortuite d’une passante
A. Circonstances
1. Moment : saison de la cueillette des mimosas, au soleil couchant.
2. Lieu : en Provence, un chemin à l’écart.
B. Une présence féminine
1. Mode de présence