Les Conseils au bon voyageur est un poème extrait du recueil de poèmes en prose Stèles publié par Victor Segalen en 1912 à Pékin. Il prend place dans la section Stèles au bord du chemin . Les stèles sont des plaques de pierre, « montées sur un socle, dressées vers le ciel et portant une inscription. Leur orientation est significative. Plantées le long du chemin », elles s'adressent aux voyageurs qui les trouvent en chemin. » En cela ce poème représente bien un guide, un éclairage pour le lecteur, le voyageur, qui préprare un long périple : la vie, et passe par une multitude de chemins. Dans tout le poème, l'auteur guide le voyageur, lui indique la route à suivre, et le comportement à tenir pour arriver à bon port, sans pour autant le contraindre. Notre étude portera sur une micro analyse de la dernière phrase de ce poème :

« Ainsi , sans arrêt ni faux pas, sans licol et sans étable, sans mérites ni peines, tu parviendras, non point, ami, au marais des joies imortelles,

Mais aux remous pleins d'ivresse du grand fleuve Diversité. »

En premier lieu, l'adverbe « ainsi » en début de vers indique une conséquence, produit d'une condition : Si le voyageur suit les conseils du poète, il parviendra à quelquechose. Ensuite, le voyageur est comparé à un animal de trait, une bête qu'on arnache et rentre à l'étable : « sans arrêt ni faux pas, sans licol et sans étable, sans mérites ni peines » .C'est une animalisation, une aliénation du comportement humain. Le poète cherche alors à libérer le voyageur grâce à ses conseils. Ethymologiquement, les « conseils » sont des « Avis donnés à quelqu'un pour l'aider à diriger sa conduite ». Le poète, comme un berger, guide le voyageur dans un long périple qui semble être la vie. Ici l'emploi de termes privatifs comme « sans » montre que le voyageur, n'est pas contraint dans son chemin. Le poète le guide, il ne le force pas. Cela est confirmé par le sens de la phrase car ce voyage se fait « sans licol », et « sans étable