Contes et rimbaud
Chez Robert Laffont
UNE SAISON À RIHATA
SÉGOU
1. Les murailles de terre
2. La terre en miettes
LA COLONIE DU NOUVEAU MONDE
LA MIGRATION DES CŒURS
EN ATTENDANT LE BONHEUR
DESIRADA
PAYS MÊLÉ
Chez Seghers
LA VIE SCÉLÉRATE
Au Mercure de France
MOI, TITUBA, SORCIÈRE
TRAVERSÉE DE LA MANGROVE
LES DERNIERS ROIS MAGESMARYSE CONDÉ
LE CŒUR À RIRE ET À PLEURER
Contes vrais de mon enfance« Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage …afficher plus de contenu…
Ce jour-là, mes aînés étaient sommés de se faire oublier. Ma mère gardait le lit, montagne de chair sous les draps de toile brodée, dans la pénombre de sa chambre, car toutes les persiennes restaient fermées. Le ventilateur ronronnait. Vers dix heures, Gitane chargée du ménage avait fini de promener son plumeau sur les meubles, de battre les tapis et de boire sa énième tasse de kiololo. Elle montait alors des brocs d’eau chaude et assistait ma mère à sa toilette. Celle-ci s’asseyait dans la baignoire en zinc, son ventre en obus coiffé d’un nombril barbare pointant devant elle, tandis que la bonne lui récurait le dos d’un bouchon de feuillage. Ensuite, Gitane l’épongeait avec un drap de bain, la farinait …afficher plus de contenu…
Pas découragée, la cuisinière se précipitait à nouveau derrière son potager* tandis que mon père impatienté, jugeant que sa femme s’écoutait trop, mais se gardant de trahir son humeur, s’absorbait dans la lecture du
Nouvelliste. C’est avec un sentiment de libération que vers deux heures de l’après-midi, après un baiser posé en vitesse sur le front moite, il quittait la chambre à coucher qui sentait la fleur d’oranger et l’asa fœtida et qu’il retrouvait le grand soleil. Quelle chance d’être à l’abri de toutes ces dégoûtasseries ! Règles, grossesses, accouchements, ménopauses ! Dans sa satisfaction d’être un homme, il bombait le torse en traversant la place de laVictoire. Les gens le reconnaissaient et le prenaient pour ce qu’il était :