Deuxièmement, une action accomplie par devoir tire sa valeur morale, non pas du but qui doit être atteint par elle, mais de la maxime d'après laquelle elle est décidée. Le succès de l'action ne peut servir de mesure à la moralité puisqu'il dépend parfois de talents, de facultés qui sont hors de la portée de l'agent. La moralité s'établit donc à partir de la qualité de la volonté ou de l'intention qui sous-tend l'action. * Troisièmement le devoir est la nécessité d'accomplir une action par respect de la loi. Quelle peut donc être cette loi dont la représentation doit déterminer la volonté pour que celle-ci puisse être appelée bonne absolument ? Un devoir est défini par le caractère d'une maxime ou d'une règle (principe qui détermine la volonté). La maxime est subjective si elle est et reste individuelle. Elle deviendrait objective, nécessaire (semblable à une loi de la nature) si tous les êtres raisonnables y subordonnaient toujours entièrement leur faculté de désirer. Devenue objective, universelle, la maxime est la loi morale. Le principe suprême de jugement en matière de moralité réside donc dans la conformité des actions à la loi en généralDire que la morale est une convention, c'est affirmer qu'il est d'institution humaine, que son existence relève d'un accord, tacite ou non, entre les hommes. Il ne serait donc pas naturel. Cela peut paraître étonnant à première vue puisque l'homme ne cesse de crier au scandale face au mal, comme s'il n'était pas acceptable que le mal soit. Dans ce cas, soit les hommes produisent eux-mêmes un mal dont ils ne veulent pas et alors ils sont impuissants, soit ils ne comprennent pas qu'est la spécificité du mal. En effet, le mal n'est jamais naturel au sens où une chose, naturellement, n'est ni un bien ni un mal. Elle est, c'est tout. L'existence du mal renvoie donc à l'exigence d'une conscience qui pose un devoir-être et qui constate que ce qui est n'est pas conforme à ce devoir-être. Le mal est une convention au sens où il