Corneille
L'unité de péril :
Voici comment Corneille définit ce principe dans ses Trois discours sur l'art dramatique, écrits en 1660, " l'unité d'action constitue dans la tragédie en l'unité de péril, soit que son héros y succombe, soit qu'il en sorte. Ce n'est pas que je prétende qu'on ne puisse admettre plusieurs périls […] pourvu que de l'un on tombe nécessairement dans l'autre ; car alors la sortie du premier péril ne rend point l'action complète puisqu'elle en attire un second. "
L'extraordinaire et la démesure :
Corneille utilise souvent l'excès dans sa peinture des caractères. Il s'éloigne ainsi de la vraisemblance des règles classiques qu'il ne considère pas comme un absolu, estimant au contraire qu'il faut "les apprivoiser adroitement avec notre théâtre". De même, dans le choix des sujets, il privilégie les thèmes extraordinaires : " Les grands sujets qui remuent fortement les passions, […] doivent toujours aller au delà du vraisemblable, et ne trouveraient aucune croyance parmi les auditeurs, s'ils n'étaient soutenus, ou par l'autorité de l'histoire qui persuade avec empire, ou par préoccupation de l'opinion commune […]. "
Le héros cornélien :
Le héros cornélien est fier, droit, héroïque et conscient de sa valeur. Son orgueil, fondé sur le sentiment de sa supériorité aristocratique, le mène à donner sa grandeur en spectacle. Contrairement au héros romantique, marginal et révolté, celui de Corneille s'inscrit dans un groupe social (les nobles dans Le Cid, les patriotes chez Horace). Son âme est partagée entre l'amour et l'honneur : c'est le fameux "dilemme cornélien", moteur de l'action dramatique. Mais cet héroïsme n'est pas seulement tourné vers les autres. Il symbolise également un idéal personnel de noblesse. La morale cornélienne consiste à faire coïncider les passions et les instincts des personnages avec la conception qu'ils ont de leur propre supériorité. Ce combat intérieur les entraîne irrémédiablement à dépasser le statut de simple personnage