Corps et biens
Publié en 1930, Corps et biens couvre la période créative de Robert Desnos qui va de 1919 à 1929. Le recueil, divisé en sous parties, nous impose de penser son inscription à la fois dans un contexte historique et littéraire particulier ainsi que dans la vie du poète. Ses premiers poèmes laissent entendre une voix pleine d’inflexions de l’adolescence et avant-garde littéraire. Les derniers montrent un poète de 30 ans, qui fut confronté à des choix personnels, idéologiques et cruciaux, qui le poussent à affirmer une singularité. La question est alors de savoir comment passe-t-on d’une partie à l’autre et comment l’œuvre s’inscrit elle à la fois dans son époque et dans la vie de son auteur.
Corps et biens, dont les parties centrales sont représentatives des recherches mise en œuvre par le surréalisme, permet d’appréhender ce que fut le bouleversement artistique à cette époque. Par l’intensité des images du rêve mais aussi par son interrogation du mystère amoureux et des possibilités du merveilleux, le recueil permet de mesurer l’actualité d’un mouvement.
Le recueil s’impose comme un art poétique, bien organisé et construit. Dans corps et biens, les formules proposant une définition de la poésie abondent. Desnos veut viser à donner une nouvelle définition de la poésie. Ce qu’on peut observer dans les poèmes se retrouve dans la construction même de l’œuvre. Desnos y dresse un bilan de sa pratique artistique.
On peut constater que le recueil va de courtes phrases, lancées comme des illuminations, aux longs poèmes en quatrains d’alexandrins, en passant par différent vers aux rythmes plus ou moins réguliers. Corps et biens présente ainsi en ouverture et fermeture de longs poèmes, majoritairement en alexandrins. Ces poèmes créent donc un effet d’encadrement dans le livre. . Le lecteur s’initie au fil des poèmes aux rêves, où la poésie naît de la confrontation d’éléments divers, en apparence sans lien les uns avec les autres. Le rêve opère