I. Questions
1. On retrouve dans les personnages créés par Bernardin de Saint-Pierre des personnages familiers, capables d’héroïsme dans les moments de danger, quand la passion amoureuse les entraîne. C’est le cas de Paul qui, amoureux de Virginie, est prêt à se sacrifier pour lui venir en aide. Mais il ne s’agit pas ici d’un héros hors du commun, capable de prouesses exceptionnelles : le jeune homme ne parviendra pas à sauver du naufrage la jeune fille qu’il aime. À l’inverse, chez
Alexandre Dumas, d’Artagnan apparaît doté de toutes les qualités d’un héros formidable qui, courageux, intelligent, habile à l’épée, se jette avec générosité dans le combat pour une cause juste. Au contraire, le narrateur de La Nausée de Sartre déroute le lecteur. Il s’agit d’un être ordinaire qui contemple ses mains et rapporte longuement, avec complaisance, les sensations qu’il éprouve à leur vue et à leur contact : aucune action, aucun sentiment, mais une sorte d’insistance pesante, sans véritable raison. Plus proche de la fiction traditionnelle est le personnage de Lalla de Le Clézio : celui-ci nous la montre affrontant l’hostilité de la ville froide et anonyme, jusqu’au port où elle retrouve un sentiment de liberté à la vue de la mer.

2. D’Artagnan est un jeune homme vif, qui réagit rapidement devant une situation difficile : il s’agit pour lui de prendre une décision dans l’urgence. Sa façon de s’exprimer est celle d’un héros de théâtre qui lance sa réplique au moment le plus intense de l’action : « Mon coeur est mousquetaire. » À l’inverse, on ne sait rien de Roquentin dans cet extrait, sinon qu’il porte une attention exagérée sur sa main, à la limite du dédoublement de personnalité, de la schizophrénie. Il éprouve la présence et le poids de son corps, un peu comme le ferait un enfant, mais pour en tirer des considérations presque philosophiques : « ou que je la mette, elle continuera d’exister et je continuerai de sentir qu’elle existe ». On peut