corpus
[Amorce et présentation du corpus] La demande en mariage est un moment clé de bien des romans : elle peut l’ouvrir (La Princesse de Clèves) et jouer un rôle décisif dans le destin des protagonistes, marquer une étape importante dans son dénouement (Pierre et Jean), ou n’être qu’un moment ordinaire dans la vie du protagoniste (L’Étranger). Ces trois demandes s’inscrivent dans des milieux et des époques contrastées : la cour d’Henri II à la fin du xvie siècle, la petite bourgeoisie provinciale de la fin du xixe siècle, et de modestes employés dans l’Algérie de la colonisation au xxe siècle. [Thème de la question] Elles n’en révèlent pas moins la façon dont chacun des protagonistes s’engage sentimentalement dans la demande et accepte ou refuse les conventions qui, à toutes les époques, régissent l’acte social qu’est le mariage.
Le cœur et le corps
M. de Clèves joint à sa haute naissance de grandes « qualités » de cœur, une vraie « sagesse ». Il est le seul à éprouver une « passion », à être « éperdument amoureux ». C’est l’amour d’un homme mûr qui souhaite plus que tout que cet amour soit réciproque : « le bonheur de lui plaire » a plus de prix pour lui que « la certitude de l’épouser sans en être aimé ». Il est sensible à la perfection à la fois morale et physique de Mlle de Chartres.
Jean est un jeune homme sans expérience amoureuse, qui semble sincèrement épris de la jeune veuve. Il se dit « grisé » par elle et prend plaisir à la « frôl[er] », à lui envoyer des baisers du bout des doigts : sa manière de déclarer son amour est passablement maladroite. Il n’a pas compris qu’il a devant lui une femme de tête qui n’a plus le cœur au marivaudage, mais sait reconnaître en lui les qualités pour faire, à cette époque, un bon mari : il est « bon et loyal ».
Meursault est encore jeune. Manifestement, il n’est pas dépourvu de séduction et Marie éprouve une attirance physique pour lui (« un mouvement de tout le corps pour [lui] tendre sa bouche »). Lui-même