Correspondance de baudelaire
Intro : Le sonnet 4 de la section Spleen et idéal des Fleures du mal fait figure d’art poétique : Baudelaire y définit les relations de l’Homme et la nature, faisant de celle-ci un espace sacré, un temple, mais aussi un lieu de déchiffrement de signes, de « symboles », que le commun des mortels est inapte à percevoir en tant que tel, et à plus forte raison à comprendre. Seul le poète est capable de dépasser l’apparente hétérogénéité des choses pour découvrir et mettre en œuvre, grâce au langage, des correspondances entre les objets symboles, en particulier dans le domaine des sensations. Faisant la théorie de ce qu’on appelle communément les synesthésies, il s’attache dans les tercets à en fournir une application grâce à des exemples illustratifs empruntés aux divers registres des sensations. Dans une 1ere partie, nous étudierons la représentation de la nature pour nous intéresser ensuite aux exemples destinés à illustrer la théorie des synesthésies.
I – La représentation de la nature
A – Un espace sacré, infini et structuré
La nature est d’abord sacralisée par une majuscule, mais également par l’attribut du sujet « temple » qui introduit des connotations architecturales, vraisemblablement grecques et religieuses, le temple étant la demeure de la divinité comme le temple grecque, ou la cathédrale chrétienne, la nature est un espace structuré, un lieu d’harmonie et de mise en rapport exacte, tout comme le poète.
La métaphore filée avec la référence aux « piliers », terme préféré à colonne, qui suggère une architecture plus robuste, plus massive, dont la solidité est mise en relief par les allitérations en « t ». Le rythme de ce premier vers est grave, solennel, avec un retour régulier des accents. Cette métaphore initiale de la Nature temple est relayée par une seconde métaphore filée, engendrée par la première et assimilant la nature à une succession des forêts dont les symboles seraient les arbres. Ce glissement est tout