Corrigé corpus de texte : nana, la vengeance d'une femme, les yeux d'eau
Question
Ces quatre extraits de récits du xixe siècle ont tous un point commun : l'évocation du pouvoir de séduction des femmes. Les quatre femmes mises en scène par leur auteur ont en commun d'être a priori d'un abord facile de par leur origine populaire ou leur profession : la bohémienne Carmen, « la gitanilla », héroïne de la nouvelle de Mérimée ; la chanteuse d'origine populaire Nana, qui se produit au théâtre des Variétés, héroïne éponyme du roman de Zola ; la prostituée de La Vengeance d'une femme, dernière nouvelle des Diaboliques de Barbey d'Aurevilly ; la servante d'auberge de la nouvelle de Rémy de Gourmont Les Yeux d'eau. Toutes appartiennent à une marginalité attirante.
Mais la diversité des points de vue adoptés et des descriptions de femmes, dont certains traits physiques ou mentaux sont mis en évidence, donne lieu à des représentations différentes de la séduction féminine.
Pour les femmes des trois premiers textes perçues à travers le regard désirant d'un homme (le narrateur don José pour Carmen ; Robert de Tressignies pour la prostituée) ou de plusieurs, comme c'est le cas pour Nana, qui se produit sur scène face à un public essentiellement masculin, c'est surtout le pouvoir érotique de leur corps qui est souligné, voire exacerbé. Toutes ont une tenue vestimentaire provocante aux couleurs voyantes : la Carmen de Mérimée porte un « jupon rouge fort court qui laissait voir des bas de soie blancs avec plus d'un trou », la prostituée de Barbey d'Aurevilly est vêtue d'une robe « de satin safran, aux tons d'or » et la « plume rouge de son chapeau blanc lui vibrait jusque sur l'épaule », quant à Nana déguisée en « Vénus », déesse de l'amour, une « mince tunique », qu'on suppose donc assez transparente, dessine la « rondeur » de sa hanche. D'ailleurs, la couleur « rouge », avec ses nuances « écarlate » ou « vermillon », est largement présente dans la toilette ou le maquillage car elle connote le feu de la passion, la sensualité, ainsi que le