Corsaires
De la fin du XVIe siècle au début du XVIIe siècle, l'Angleterre, les Provinces-Unies, l'Espagne, le Portugal et la France vont tantôt s'allier tantôt s'affronter tant sur terre que sur mer. A côté de la question religieuse et de la lutte pour la suprématie en Europe, la maîtrise de la mer devient un des buts de guerre primordiaux. Dans la grande histoire de la mer, les corsaires ont joué un rôle considérable. Comme le pirate et le flibustier, ils évoquent des aventures d'hommes et de voiliers, jouant leur chance à coups de canons sur des mers dangereuses. Sachons les distinguer les uns des autres :
- corsaire, dérivé de l'espagnol « corsear » aller en course et de l'italien « corsare, corsa » était surtout d'abord employé en Méditerranée où l'expression « corsaires barbaresques » désignait les redoutables Algériens et autres marins des ports musulmans. Pourtant le corsaire, muni d'une lettre de marque, part toujours en course contre les ennemis de son pays. Lettre de marque, lettre de marches, ces deux mots confondent leur sens à l'origine : c'est l'autorisation de passer la marche ou la frontière pour effectuer un raid sur le territoire ou dans les eaux de l'adversaire. Le corsaire authentique s'attaque surtout aux bâtiments marchands, bien moins armés que ceux de l’État, dont les prises peuvent l'enrichir. Affaiblir l'adversaire et en tirer de sérieux bénéfices, tel est son double but. Une formule latine résume très bien la situation des corsaires, en français « Ils ne font pas leur guerre privée, mais à titre privé la guerre nationale ». Aussi la course est-elle encouragée par le gouvernement qui touche une part du butin. Un corsaire heureux peut même s'élever aux honneurs : Jean Bart et Duguay-Trouin seront anoblis. Leur guerre était parfaitement licite. Il n'y avait pas de raison à ce que les gens d'affaires soient préservés au cours d'une lutte dont ils étaient souvent la cause et dont ils tiraient de