coucou c'est moi
La rencontre d’Yves Klein avec la couleur serait, comme il le relate dans l’Aventure monochrome, une vocation qui se serait déclarée en 1947 [18] , voire même plus tôt. Et il n’aura de cesse au cours de sa carrière fulgurante de construire sa légende, celle d’Yves le Monochrome.
En 1954, un ouvrage lui aurait été consacré, Yves Peintures, qui présente dix planches en couleurs, témoignant, dit-il, de ses recherches. En fait, dix rectangles de papiers colorés, collés sur des pages blanches. L’ouvrage, qui ne comporte aucun nom d’éditeur, a sans doute été façonné par lui.
En 1955, de retour du Japon, c’est un monochrome orange signé qu’il propose d’exposer au Salon des réalités nouvelles consacré à l’abstraction. Eu égard à sa mère, Marie Raymond, peintre connue et exposante régulière, le jury lui demande, pour accepter sa participation, d’ajouter une forme, un trait, voire un simple point sur ce fond orangé. Car si l’abstraction a dépassé la question du sujet, elle ne l’a pas fait de la polyphonie colorée, des rapports des couleurs et des formes entre elles.
On connaît la répartie du jury, rapportée par Klein lui-même : « Une seule couleur unie, non, non, non vraiment, ce n’est pas assez, c’est impossible ». [19] Pour parfaire son geste, Klein ôtera dorénavant du tableau sa signature.
Pour sa première exposition, il va reprendre le titre Yves Peintures pour affirmer, contrairement aux avis du Salon, que ses monochromes sont bel et bien de la peinture. Mais pour l’exposition l’année suivante chez Colette Allendy, c’est le titre de Propositions monochromes qui est retenu, titre suggéré par Pierre Restany. Iris Clert, qui découvre pour la première fois une de ses œuvres, s’exclame : « Ce n’est pas un tableau ! ».
Klein fait-il encore des tableaux et de la peinture ? Pour couper court aux critiques, donner du sens à son aventure picturale, il va parler du dépassement du tableau par la couleur, de la