Cour
SEPTEMBRE 2009
Des ressources naturelles pour quel(s) développement(s) ?
I. ETAT DES LIEUX : SURCONSOMMATION DES RESSOURCES NATURELLES ET ACCROISSEMENT DES INEGALITES
1. Un modèle économique et financier dominant Hérité de la Révolution industrielle, le modèle de développement actuel est essentiellement économique : son but premier est la réalisation de profits – principalement à court terme. Il met au second plan les aspects sociaux, environnementaux et culturels, en particulier le respect des droits humains et la gestion soutenable des écosystèmes. Qu’elles servent de matières premières pour les produits, de moyen de production ou de source d’énergie, les ressources naturelles sont au cœur de ce système. Malgré la prise de conscience, depuis les années 70, des limites physiques des ressources, la recherche de la croissance économique et des profits reste la priorité. Ce modèle, basé sur une conception illimitée des ressources, a pour principaux travers : la surexploitation, voire la destruction – parfois irréversible – du capital écologique (qui est comptabilisée positivement, puisqu’elle permet une hausse du PIB 1) ; la spécialisation internationale de nombreux Etats, notamment du Sud, qui deviennent extrêmement dépendants de quelques productions d'exportation (produits agricoles, coton, pétrole, gaz, bois, diamants, etc.) au détriment de la diversification de leur économie et des tissus économiques locaux ; la fixation inéquitable des prix des ressources naturelles, décidée par un rapport de force rarement équilibré (notamment entre petits producteurs agricoles et multinationales dominant les marchés mondiaux) ; la financiarisation croissante de l'économie, de plus en plus déconnectée de l'économie réelle ancrée dans des territoires, et aggravant de manière exponentielle les risques de volatilité des prix et de spéculation. Par exemple, le baril de pétrole est aujourd'hui échangé et vendu 80 fois avant même d'avoir été produit ; la