Erich Fromm : Psychologie pour non-psychologues
La psychologie moderne a débuté de façon très modeste. Elle s’est intéressée à l’étude de la mémoire, des phénomènes acoustiques et visuels, des associations d’idées ; elle s’est intéressée à la psychologie des animaux. Le nom de Wundt est peut-être le plus caractéristique et le plus important au départ de la psychologie moderne. Les psychologues n’écrivaient pas pour le grand public ; ils n’étaient guère connus, ils écrivaient pour leurs collègues spécialistes de la discipline, et les profanes n’étaient pas nombreux à s’intéresser à leurs travaux et publications. Cette situation changea du tout au tout quand la psychologie a commencé à devenir populaire en s’intéressant à une question fondamentale : celle des motifs du comportement humain. C’est resté le thème de la psychologie des cinquante dernières années. Cette question concerne naturellement chacun ; car tout un chacun voudrait savoir : qu’est-ce qui me motive réellement, pourquoi suis-je motivé de telle façon et non pas d’une autre ? Et si la psychologie lui promet quelque réponse sur ce point, elle prend une grande valeur à ses yeux. Ainsi, cette psychologie des motivations était elle devenue la science peut-être la plus populaire de toutes, et elle n’a rien perdu de sa popularité au cours des dernières années, au contraire elle a plutôt gagné. Cette psychologie populaire se divise en deux écoles principales : la théorie des instincts et la théorie du comportement (béhaviorisme). L’INNÉISME D’abord quelques mots sur la théorie des instincts. Elle doit son origine à l’un des plus grands penseurs du XIXe siècle, Charles Darwin. Darwin déjà s’est occupé des instincts en tant que motivations humaines. En s’appuyant sur lui, on a construit ensuite, peu à peu, une théorie qui, pour le dire en un mot, souligne que chaque action a un motif et que chaque motif est un instinct indépendant, inné à l’homme — tout comme l’instinct est inné à l’animal. Si vous êtes