Cpge
Brahim Boumeshouli-CPGE-Salé.
Sujet:
Dans son Essai concernant l'entendement humain, III, ch. II, traduction P. Coste, Vrin, 1983, John Locke (1632-1704) assure:«Comme on ne saurait jouir des avantages et des commodités de la Société sans une communication de pensées, il était nécessaire que l'Homme inventât quelques signes extérieurs et sensibles par lesquels ces idées invisibles dont ses pensées sont composées, pussent être manifestées aux autres.» Vous vous interrogerez sur la pertinence de ce propos à la lumière de votre lecture personnelle de Phèdre de Platon, Les Fausses confidences de Marivaux et Romances sans paroles de Verlaine.
Plan:
1. Parler la pensée 2. Cacher la pensée 3. Penser la parole
Attribuer à la parole la fonction essentielle d'exprimer la pensée est une théorie du langage, qui a dominé la pensée philosophique fort longtemps. Fidèle à cette tradition, le philosophe John Locke assure, dans son Essai concernant l'entendement humain, III, ch. II, que la vie en Société contraint l'homme, qui veut en «jouir des avantages et des commodités», à inventer des «signes
extérieurs et sensibles.». Le rôle de ces signes extérieurs, à savoir la parole, est de «manifest (er) aux autres» les idées qui composent ses pensées. La vie en société exige la communication de sa pensée. Mais, c'est cette même société, imposant le besoin de s'affirmer et d'être reconnu, qui force l'homme à passer outre la seule obligation de traduire fidèlement ses pensées, par le biais de la parole. La quête d'un positionnement solide dans l'échiquier social contraint le sujet à instrumentaliser la parole. Si la parole se révèle un simple médiateur, neutre et sûr, des pensées, dans le cadre d'une relation désintéressée, il n'en demeure pas moins qu'elle se manifeste souvent comme un moyen redoutable, non du commerce d'idées, mais du succès social. L'on peut dès lors concéder volontiers à Locke le fait que la parole est un