Crépuscule du soir
Il s’agit d’un des premiers textes des Petits Poèmes en Prose, publié en 1855 dans un recueil intitulé "Fontainebleau", en hommage à Denecourt. Ce texte est un vrai paradoxe car il rend hommage à la nature mais Baudelaire déteste le végétal, comme il le souligne lui même dans une lettre à l’éditeur : « Vous savez bien que je suis incapable de m’attendrir sur les végétaux… Je ne croirais jamais que l’âme des dieux habite dans les plantes. » Pour Baudelaire en effet, la nature offre tout au plus une métaphore.
Le premier paragraphe semble chanter dans une veine unanimiste et avec lyrisme les fatigues d’une population laborieuse. Prélude à l’évocation très riche de la fin.
Analyse du deuxième paragraphe : Le mot « Cependant » introduit rupture. La longueur de la phrase et son rythme suggèrent tout l’espace que le hurlement doit occuper et traverser. « Nues transparentes » indique des cris infra-humains, des forces obscures.
Analyse du troisième paragraphe : Quelle est la nature de ces hommes que la nuit ne calme pas ? (ils diffèrent des esprits fatigués du premier paragraphe) Baudelaire ressent une profonde compassion. On retrouve des images empruntées au romantisme noir :
Hiboux, signal de sabbat
« sinistre ululation, lugubre harmonie »
On croit retrouver l’atmosphère des romans noirs anglais (cf. hospice perché sur la montagne), avec le contraste entre la paix, joie de famille et l'harmonies de l’enfer.
Le poète fume, activité énivrante, (cf. « La pipe » dans Les Fleurs du mal). Fumer reste une activité associée au repos du travailleur. Mais on trouve des notes inquiétantes avec « immense vallée, hérissée de maisons ». Puis on trouve un exemple de prosopopée avec « chaque fenêtre dit… ». Un vent mauvais souffle, qui vient contraster avec le verbe « bercer ma pensée étonnée ». Peut-être Baudelaire jouit-il de se trouver à la frontière. Terriblement névrosé, il est toujours resté lucide et n’a jamais sombré. Il