Continuant à suivre les autres qualités précédemment énoncéesAu chapitre XV., je dis que tout prince doit désirer d'être réputéIl ne s'agit pas nécessairement d'être clément, mais de le paraître. clément et non cruelSi la cruauté est un mal du point de vue moral, elle peut être bien employée par le prince. Bien employer la cruauté, c'est ne l'utiliser que ponctuellement, mais radicalement et au bénéfice du peuple et non du prince.. Il faut pourtant bien prendre garde de ne point user mal à proposPour Machiavel, l'a propos ne peut vouloir dire qu'une chose: être approprié aux circonstances. Le Prince doit savoir ajuster son comportement en fonction de la fortune. de la clémence. César BorgiaCésar Borgia, fils du Pape Alexandre VI, est fait duc de Romagne en 1501. C'est un personnage cruel et de sinistre réputation dont Machiavel admire cependant la détermination et l'intelligence politique. passait pour cruel, mais sa cruauté rétablit l'ordre et l'union dans la Romagne; elle y ramena la tranquillitéLa sécurité est la principale finalité de l'Etat pour Machiavel. Assurer la sécurité est le devoir du Prince. et l'obéissance. On peut dire aussi, en considérant bien les choses, qu'il fut plus clément que le peuple florentinLa vraie clémence d'un prince est d'assurer la paix (l'ordre et la tranquillité dont Machiavel vient de parler). De même, la vraie cruauté d'un prince est de ne pas protéger son peuple. Cette idée va être développée dans le paragraphe suivant. On voit que les qualités et les défauts princiers ne s'évaluent pas selon les mêmes critères que ceux du peuple., qui, pour éviter le reproche de cruauté, laissa détruire la ville de PistoiaDans les Discours sur la première décade de Tite Live, L. III, ch. 27, Machiavel raconte que Florence, par excès de clémence, laissa le désordre et la violence s'installer dans Pistoia..Un prince ne doit donc point s'effrayer de ce reproche, quand il s'agit de contenir ses sujets dans l'union et la fidélité. En faisant un