Crise 42
Anton Brender et Florence Pisani
Après la conflagration de l’automne 2008, l’apport de la globalisation financière peut légitimement être mis en question. Si le prix de quelques années de développement accéléré des régions émergentes est un ralentissement dramatique de l’économie mondiale, le jeu en vaut-il la chandelle ? Simpliste, cette analyse « avantage / coût » n’en résume pas moins assez bien le bilan des années 2000. Faut-il pour autant remettre en cause la libéralisation des mouvements de capitaux et tenter de faire revenir la finance dans le seul bilan des banques ? Il ne nous semble pas. La crise de la finance globalisée est due moins à la globalisation ellemême qu’aux politiques publiques qui l’ont – ou plus précisément ne l’ont pas – accompagnée. L’idéologie des promoteurs de la globalisation a fait oublier que la finance laissée à elle-même mène régulièrement au désastre. La dernière catastrophe n’a fait que le confirmer. Compter, comme l’ont fait en particulier les autorités américaines, sur la « discipline de marché » pour assurer la stabilité financière est un leurre : la qualité des règles prudentielles imposées et la vigilance avec laquelle on s’assure de leur respect sont essentielles. Mais contrairement à une idée reçue, la nécessité d’une intervention publique ne se limite pas à la seule régulation des activités financières : elle s’étend aussi à la définition des frontières et de l’architecture du système globalisé. Ce dernier ne peut, sans danger, se réduire à une juxtaposition de systèmes nationaux hétéroclites. Un développement suffisant, dans chaque économie, d’infrastructures de financement et de prise de risque, la mise en place d’agences publiques pouvant décharger les agents privés de certains des risques qu’ils ne peuvent raisonnablement prendre sont nécessaires pour permettre à l’épargne de circuler sans trop de heurts dans l’économie mondiale. La coopération internationale appelée par la