CRISE DE L42DUCATION
Contrairement à ce que son titre pourrait laisser penser, Hannah Arendt n’est pas un biopic, ou biographie filmée. Le film de Margarethe Von Trotta se concentre en effet sur une période relativement courte de la carrière de la philosophe allemande naturalisée américaine : sa couverture, pour le compte du magazine américain The New Yorker, du procès à Jérusalem du criminel nazi Adolf
Eichmann (1961), et ses conséquences.
Une période courte, donc, mais ô combien passionnante et déterminante : c’est en observant le terne Eichmann, en écoutant sa défense, qu’Hannah Arendt forge son concept de « banalité du mal ».
Ce concept, aujourd’hui central dans la pensée du totalitarisme nazi, fut mal compris à l’époque. Il lui valut un déluge de critiques d’une rare violence, en Israël comme aux États-Unis, y compris de la part de ses amis et collègues…
Véritable thriller intellectuel, le film de
Margarethe Von Trotta raconte ces mois au cours desquels Hannah Arendt (interprétée par l’actrice Barbara Sukowa) sut faire preuve d’une force morale à toute épreuve pour défendre sans compromission la complexité de sa pensée.
Il constitue autant un hommage à une femme remarquable, qu’un hymne à la pensée. © Heimat films
Editorial
un Hymne a la pensÉe (Analyse)
Habituellement, les films font d’un procès un événement dramatique voire paroxystique du scénario. En choisissant la période du procès d’Adolf Eichmann comme pilier de son film sur
Hannah Arendt, Margarethe Von Trotta aurait pu nous faire suivre les débats au sein du tribunal, qui, finalement, prennent peu de place dans le long métrage. La réalisatrice allemande a préféré être fidèle à son personnage, en la plaçant au centre de l’intrigue, en dévoilant son quotidien, intimement, pour finalement la placer en pleine lumière dans un amphithéâtre. Ce n’est pas le procès Eichmann qui est l’enjeu du film, même s’il en est déclencheur, mais bien le
procès