Crise de tanger
➢ Un sultanat convoité
Depuis qu'elle a entrepris de coloniser l'Algérie, la France se préoccupe de la sécurité des confins algéro-marocains. Elle lorgne aussi sur le sultanat voisin, l'un des derniers pays indépendants d'Afrique, qui a préservé son indépendance contre vents et marées pendant douze siècles.
Ses commerçants et entrepreneurs s'y montrent très actifs, notamment à Casablanca Maison blanche» en espagnol, en arabe Dar el-Beida), un port de création récente.
En concluant en 1904 l'Entente cordiale, la Grande-Bretagne accepte le principe d'un protectorat français sur le Maroc. Mais l'empereur allemand Guillaume II, quelque peu mégalomaniaque, ne l'entend pas de cette oreille. Non content de sa suprématie sur le continent européen, il veut avoir sa part des conquêtes coloniales.
Il débarque théâtralement à Tanger, au nord du sultanat, traverse la ville à cheval, à la tête d'un imposant cortège, et va à la rencontre du sultan Abd-ul-Aziz pour l'assurer de son appui face aux menaces françaises !
➢ Recherche du compromis à Algésiras
Ce «coup de Tanger» entraîne une poussée de germanophobie en France et la démission du ministre français des Affaires étrangères, Théophile Delcassé. Il débouche aussi sur la réunion l'année suivante, du 16 janvier au 7 avril 1906, d'une conférence internationale à Algésiras, au sud de l'Espagne.
La conférence confirme l'indépendance du Maroc (indépendance qui ressemble plutôt à une mise sous tutelle internationale) et rappelle le droit d'accès de toutes les entreprises occidentales à son marché...
Mais au grand dam de Guillaume II, elle établit aussi implicitement des «droits» particuliers de la France sur l'empire chérifien : c'est ainsi que la France et l'Espagne se voient confier la police des ports marocains et un Français est chargé de